_- Avant-dernier souffle -_

Sombre soirée. Kumo porte bien son nom : L'orage tonne de toutes ses forces, frappe la terre de ses éclairs dévastateurs, sans laisser la moindre petite parcelle de ciel a la Lune. La pluie tombe sur le sol, une pluie torrentielle mêlée a un vent dévastateur, ciel apocalyptique : un décor digne d'un film d'horreur. A chaque coup de tonnerre, les bâtiments se dessinent dans le ciel, représentant formes monstrueuses et horrifiques. L'orage forçait les villageois à rester chez eux et à se barricader, en attendant que ça passe, les seuls qui osaient rester dehors étaient les gardes et ninjas, fidèles a leur poste, qu’il neige ou qu’il vente. Pourtant on en parlait déjà depuis plusieurs jours ; Les plus vieux et les plus sages devinait à l'air et aux nuages qu'un très grand orage allait frapper dans le village. Bien joué. Un très grand orage frappait le village ce soir. Même les animaux de nuit en oublient leur ballade nocturne, optant plutôt pour un repos dans le creux des rues sombres. Tous les animaux ? Non.

Une ombre se découpait dans le ciel à chaque coup de tonnerre. Agile, rapide. Boiteuse. Un peu tremblante. Seule. Mais toujours d'une démarche assurée. Trébuchante et persévérante. Tout en restant discrète. Menaçante. Intrigante. Elle bondit de toit en toit sans perdre de temps, sans esquisser la moindre hésitation, en tout cas aucune hésitation psychologique : Elle semble blessée, salement amochée même, si bien qu’a chacun de ses sauts elle semble a peine arriver a se propulser. La nuit couvre ses ombres, même si l’orage dévoile chacune de celles-ci cette ombre se cache et elle n’a encore tué personne. Pour le moment. Son but n’est pas là.

A l’intérieur des bâtiments, le décor semble encore plus terrifiant. Tout est sombre et la pluie torrentielle frappe contre les vitres, claque les volets et secoue les murs créant une symphonie brutale et puissante. Il est difficile de discerner quoi que ce soit a travers les vitres, a part lorsque la lueur des foudres éclate et éclaire chaque bâtiment. De plus, à l’intérieur, tout semble silencieusement bruyant. Silence brisé par une vitre, brisée. Une masse transperce le verre et glisse dans un vacarme, au milieu des morceaux tranchants. Le sang se répand. Lee respire difficilement. Nu sous un vulgaire tissu, blessé aux bras et aux jambes. Ses os sont probablement a peu près tous brisés, notamment ceux de ses membres. Il respire difficilement, crachant des boules de sang, toussant, tremblant, presque pleurant. Il distingue a peine où il est, guidé par son instinct, il savait seulement vers qui il allait.

Lee : YAGAMIIIII !

Le cri avait transpercé les murs, surement attiré l’attention des gardes. Mais c’était sa dernière chance : Quitte ou double. Il était trop blessé pour faire quoi que ce soit d’autre. Il s’évanouît. Et s’endormit. Le laissant seul avec ses cauchemars.

Cris. Sang. Membres. Scalpels. Couteaux. Ciseaux. Peur. Horrification. Scarification. Envie de retourner d’où il vient. Envie de le tuer. Envie de se réveiller.
Envie de mourir. Encore.

Les cieux déchainaient leur courroux sur le Village de la Foudre. Qu’avaient-donc pu faire les habitants de cette terre pour qu’une telle fureur s’abatte ainsi sur eux ? Le Rokudaime Raikage observait ce déploiement de force climatique avec une quelconque nostalgie. Il avait lui-même créé une attaque qui combinaient toutes les forces actuellement en action dans le ciel sombre de Kumo : Eau, Vent et Foudre. Mais ce soir, contemplant ce spectacle, il comprit que sa puissance ne surpasserait certainement jamais celle de la nature. Il en sourit presque, revoyant le Village de Sable courber l’échine face à sa propre technique : L’ouragan de la Trinité, Sanmi Ittai No Ooarashi.

Il se reposait enfin de sa journée pleine de tâches administratives. Être Raikage n’avait rien à voir avec le leadership d’une organisation considérée comme criminel. Il lui fallait toujours faire des rapports sur tout ce qu’il entreprenait, il fallait qu’il lise et valide tout un tas de documents qui lui étaient transmis. Tout ceci n’était pas excitant pour un sous et en plus le labeur était éreintant. En cette nuit agitée où le sommeil se faisait compliqué, il s’était appuyé à la fenêtre, fumant pour une fois en toute quiétude et observer le village dont il avait la charge. Soudain un bruit de verre brisé se manifesta à l’un des étages du bâtiment. Il ne put déterminer sa provenance, ainsi il activa son Byakugan dans l’instant. Déjà des gardes se précipitaient dans les couloirs. Lorsqu’il repéra la pièce vers laquelle tous affluaient, il fut stopper net dans son élan par un cri qui perça au travers du vacarme provoqué à la fois par l’orage mais aussi par les mouvements des gardes.

C’était son nom qui avait été prononcé. Il n’avait pu reconnaitre la voix, bien qu’elle lui parût familière. Il sortit de la chambre et grimpa le premier escalier en deux pas. Il arriva à la pièce devant laquelle se tenait un groupe de 4 ou 5 Ninjas dont un des Forces Spéciales. Ce fut à cet instant que son cœur s’emballa. Byakugan braqué sur la pièce, il ne peut que constater la source de cette intrusion, son aura était à un niveau qu’il n’avait jamais vu : faible et proche de l’extinction.

Raito : Reculez !!

Yagami se précipita au milieu des gardes. Il s’agenouilla près de celui qui avait été son mentor, son ami, son fidèle.

Raito : Lee !! Lee !! Ne t’endors pas. Ne me fais pas ça. Restes avec moi. Tu m’entends ?

Il se tourna vers l’un des Ninjas avec une frénésie qui aurait pu paraitre pour de la panique, mais il n’en était rien, sa frénésie n’était due qu’à l’urgence de la situation.

Raito : Toi, contactes l’Hôpital, dis-leur de mettre le service d’urgence en alerte, on arrive avec un blessé grave.

A première vu, le Uchiha semblait blessé superficiellement, surement coupé par le verre de la vitre, mais le Byakugan révélait à Raito des plaies bien plus profondes, des traumatismes et des fractures mortelles pour quiconque.

Pensée de Raito : Qu’est-ce qui t’a mis dans un tel état ?

Il ne fallait pas hésiter. Sans que les gardes autour ne comprennent pourquoi, il empoigna un éclat de verre et le serra jusqu’à ce que le sang coule de son poing serré. Le Sceau s’activa : Yaksa No Fuuin.

Pensée de Raito : Catura…

Sa main posée contre le torse de son ami, il inspira profondément. Les lignes qui formaient le symbole du Sceau de Bhaisajyaguru sur le buste du Raikage, caché sous ses vêtements, commencèrent à disparaitre. L’énergie afflua vers sa main, l’ultime puissance salvatrice et régénératrice envahit le corps de Lee. Les cellules du Uchiha s’éveillèrent et l’auto-réparation des tissus s’enclencha. Les os déplacés se remettaient en place, les fractures se refermaient et leur soudure se consolidait. Les fibres musculaires se reconstituaient et les plaies s’estompaient.

Raito : Aidez-moi, il faut l’emmener à l’Hôpital, dit-il lorsque l’opération s’acheva.

Il fallait le transporter délicatement, et après avoir utilisé cette technique, Yagami n’était pas en mesure de le porter seul sans le secouer.

Les quatre Ninjas écartèrent délicatement leur Raikage et prirent le corps de Lee pour le conduire au centre hospitalier.

Quelques minutes après, Lee était allongé dans un des lits du service de soin intensif, son corps relié à une machine médicale chargée de réactiver et relancer son système circulatoire de Chakra. Raito restait à son chevet. Il avait demandé à tout le staff présent ce soir-là de traiter l’ancien membre de la Team Taka comme son propre frère, ce qui n’était pas loin d’être le cas. Il restait là à l’observer alors que le ciel s’était tu, comme pour accorder à ces deux là, le répit dont ils avaient besoin.

Le blanc et le noir s’entremêlent. La lueur des scalpels ricoche dans l’éclat de ses yeux. Les blouses blanches s’active autour de lui, avec des intentions aussi sombres que cette horrible pièce. Il a peur. Terrifié. A moitié éveillé, pire que totalement éveillé. Il tremble. Les scientifiques ont finis de se préparer. Ils se frottent les mains. La lame arrive, tombe lentement vers son œil. Il crie. Se réveille.

Son cri avait voulu sortir, mais sa gorge était trop sèche. Il ouvrit ses yeux, et balaya du regard autour de lui. Il se trouvait dans une pièce, une chambre d’hôpital, surement la pièce qu’il déteste le plus au monde. Il voyait que tout son corps était relié a une machine qui bipait régulièrement, probablement pour réguler son flux de chakra. Son corps semblait dans un état moins chaotique qu’a son arrivée, ses membres entourés et enlacés de bandages. Il se rendit compte de la présence de Yagami. Il voulut presque le prendre dans ses bras, si sa dignité et son corps lui avaient permis. Alors il lui accorda un regard, et un sourire, légèrement tiré. Le silence était religieux et les deux protagonistes le respectaient. Pour leurs retrouvailles, pour toutes les choses qu’ils avaient a se dire comme « Alors, t’était passé où vieille branche ? », mais eux n’étaient pas comme ça. Alors il se regardait, car un regard pouvait dire des choses que des mots ne pouvaient. Le regard fut brisé par Lee, qui regarda par la fenêtre le paysage.

Lee : Ca faisait longtemps. Je vois que les affaires vont bien.

Puis re-silence. Paroles inutiles ? Peut-être. Le décor était accueillant : Le soleil s’était levé depuis longtemps, le temps était calme et dégagé après une nuit comme celle-ci. Les gens s’activaient dehors pour réparer les dégâts causés par l’orage, pendant que les autres reprenaient leur vie normalement, habitués de ce genre d’intempéries. Le tableau dressé était digne de plus grandes œuvres d’art. Mais Lee n’en avait que faire. On dit qu’il y a un monde diffèrent pour chaque regard. Lee, par exemple, voyait des hommes en blancs en train de ramasser des cadavres, le rouge du ciel coulait sur les montagnes, le soleil brillant tel un scalpel. Il ne prit pas la peine de tourner a nouveau son regard.

Lee : Tu voudrais savoir pourquoi et comment ? Je pourrais te conter cette histoire mille et mille fois, ce ne serait pas nécessaire pour te faire comprendre. Ils m’ont fait quelque chose Yagami. J’étais mort et j’étais bien. Maintenant, je suis vivant et je suis mal. Il me manque des choses, des choses que j’ai perdues dans ma chute, que j’ai abandonné car je pensais que jamais je ne les reprendrais. Ils m’ont enlevé ce qui pouvait me rester et maintenant, vois dans quel état je suis.

Il marqua un silence. En bon chef d’orchestre, il reprit. Son regard brilla, et son sourire se ralluma. Une drôle de sensation prit place. Une sensation de déjà vu. De la haine, du courage, de la colère. De l'excitement.

Lee : Mais je ne suis pas assez égoïste pour ne penser qu’a moi. Que devenons-nous ? Que deviens-tu ? Que devient-t-il ? Qu’allons nous faire, et surtout, pourquoi et comment ? Qui suis-je, qui es-tu ? Où sont-ils ? A-t-il vraiment disparu, le grand, noble et fort ?

Vague de sous-entendu. Seulement compréhensible par Yagami, ex-chef de la Team, actuel Kage de Kumo.

Lee : Vers où allons nous ?

Le nouveau Raikage était, écoutant les paroles de son Nakama, car il le considérait toujours ainsi, bien qu’elles auraient paraitre insensées à toute oreille étrangère. Plus les mots parvenaient aux siennes, plus les souvenirs remontaient, plus son sang pulsait presque avec violence dans ses veines, plus il voyait le passé tenter d’ouvrir les portes du présent. Il avait bien envie de se barricader dans un mensonge mais ce n’était absolument pas sa façon de voir les choses. Il jeta un œil vers la porte comme si quelqu’un pouvait entrer mais il n’en fut rien. Alors il se leva et contourna le lit sur lequel était allongé Lee. Il arriva jusqu’à la fenêtre qu’il ouvrit et s’y accouda. Il sortit de sa poche intérieure une petite boite métallique argentée. Il se passa quelques secondes de silence avant que le bruit significatif de la pierre du briquet ne se fasse entendre. La lueur rougeoyante de l’incandescence éclaira de manière éphémère son visage, puis la fumée jaillit.

Fumer, cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas fait, comme tant d’autres choses. Il cessa d’ignorer les battements du passé contre les portes du présent pour enfin répondre à son ami.

Raito : Nous ? Mais qui est ce nous dont tu parles Lee ? Le nous que nous formions avant ta… mort ? Le nous que nous constituions avant d’attaquer Suna ? Ou du nous qui tente d’avancer dans le monde actuel alors que ses morceaux sont éclatés et dispersés au travers de ce continent ?

Il n’y avait là ni grief ni amertume dans sa voix. Il parlait avec tout le pragmatisme dont il savait faire preuve. Il n’attendait d’ailleurs pas de réponse à ces questions. Simple rhétorique habituelle entre ces deux êtres qui se connaissaient si bien.

Raito : Tu sais que pour beaucoup de gens, j’incarne également un certain… nous. Je ne sais pas dans quelle direction, ni vers quel horizon pointe le regard du Faucon mais… c’est presque contre nature que je voudrais voir la Foudre, pour une fois, rejoindre le ciel, plutôt que d’en descendre. J’ai compris, bien que je le sache déjà, que je ne pourrais pas changer le monde par la force. Mon but est le même, offrir à l’humanité un monde meilleur. Mais j’ai d’autres méthodes aujourd’hui. Tous ceux qui me suivent savent ou doivent savoir que je ne les abandonnerai pas et que je les conduirais vers cette utopie dont je ferai une réalité. Et, on peut dire que pour cela, j’ai tout mon temps.

Le temps n’avait guère plus d’importance puisqu’il n’avait aucune prise sur lui. Tristement, il tira profondément sur sa cigarette faite maison, et recracha la fumée après quelques secondes.

Raito : Par contre, j’ai encore plus envie de savoir où toi tu vas, plutôt que d’où tu viens. Et lui… Bien que je ne sache pas où il se trouve actuellement, je sais qu’il n’a pas non plus changé de cap. Il est là. Quelque part au-delà des montagnes, au-delà de l’horizon.

Puis sa voix changea de ton, comme s’il regretta de ne pas pouvoir entièrement ouvrir les portes au passé.

Raito : Et dire que je dispose maintenant d’une force de frappe capable de faire table rase de cet horizon, de ces collines, de ces villages, de ces organisations, de nos ennemis, passés ou actuels… Et tu sais où je veux être ? Nulle part ailleurs.

» Mission de rang C avant son examen...
» Ultime mission pour Anko mais de rang C avant l'examen....